Une grève
PAPEETE, 4 décembre 2018 - Une grève est déclenchée depuis mardi 0 heure dans le service administratif de la Direction des transports terrestres à l'appel du syndicat des fonctionnaires de l'administration (FRAAP) et de A Tia I Mua.
L'ultime tentative de conciliation avec le ministre de tutelle, René Temeharo, a échoué lundi en fin d'après-midi. Une grève est en cours pour une durée illimitée depuis mardi matin à la Direction des transports terrestres.
"Jusqu’à nouvel ordre, tout est bloqué", indique mardi matin Jean-Paul Urima, secrétaire général de la Fédération de rassemblement des agents de l’administration de Polynésie (FRAAP) pour qui "95 %" de la cinquantaine de fonctionnaires de la DTT participent à cette grève.
En attendant la résolution de ce conflit, 5 des 6 inspecteurs titulaires chargés de superviser les examens du code et de la conduite sont en grève ou en arrêt maladie, mardi matin à Pirae, empêchant tout examen du permis de conduire. Près de 200 candidats sont examinés chaque semaine pour l’obtention de ce sésame pour la conduite d’une auto, moto, d’un poids lourd. "On n’est pas spécialement contre le mouvement, mais il ne faut pas qu’il dure trop longtemps, nous dit Michel Guesdon, le vice-président du syndicat des auto-écoles en Polynésie française, avec une certaine inquiétude. Si le mouvement dure, cela risque d’avoir un impact sérieux sur l’activité de nos entreprises."
La plupart des guichets de la DTT sont également désertés dans le bâtiment administratif de Fariipiti à Papeete, où un coup d'arrêt est mis au traitement des dossiers de permis de conduire, d'immatriculation et de cartes grises. Seuls les services rattachés à la direction fonctionnent encore.
Les grévistes reprochent les méthodes de management de Florida Lai, la directrice du service en poste depuis le 1er septembre dernier. Mise en cause, elle affirme que les motivations exposées dans le préavis de grève sont "un tissu de mensonges". Elle voit dans ce mouvement de contestation une attaque en règle visant à la déstabiliser.
Les grévistes dénoncent en effet la situation conjugale de leur chef de service dont le compagnon n'est autre que Timi Wong Yut, le directeur de cabinet du ministre de l'Équipement. Une situation qui, selon eux, altère la sincérité du ministère à l'égard de leurs doléances. Pour Jean-Paul Urima, cette relation privilégiée entre la directrice du service et le directeur de cabinet de son ministère de tutelle, présente les contours d’un "attelage malsain. Je le dis haut et fort : c’est une question d’impartialité et d’honnêteté d’esprit. Imaginez qu’une telle situation se propage dans l’ensemble de l’administration".
"On ne peut pas être écoutés, ni par notre directrice, ni par le ministère, alors le seul moyen c’est la grève, justifie un inspecteur de la DTT interrogé sur le piquet installé à Pirae, mardi. En l’espace d’un peu plus de trois mois, Mme Florida a réussi à se mettre tous les agents du service sur le dos : nous avons des cadres qui ont demandé à partir ; les agents ne sont pas biens ; l’ambiance est exécrable. On a eu plusieurs directeurs jusqu’à présent et ça s’est toujours très bien passé. Il n’y a qu’avec elle que ça se passe mal. Je pense que c’est vraiment un problème de personne."
Le secrétaire général de la FRAAP, agent de la DTT, soulève également un manque de compétences de la nouvelle directrice du service : "Elle ne maîtrise pas du tout les missions de cette administration. C’est un service très technique ici. (…) Je pense que le ministre est assez intelligent pour comprendre, depuis notre rencontre d’hier soir, qu’il n’a qu’une décision à prendre pour que ce mouvement prenne fin. Il sait que la solution est dans un changement à la tête de la Direction des transports terrestres."
Contactée mardi, Florida Lai n'a pas souhaité répondre à toutes ces accusations sans l'autorisation expresse de son ministère de tutelle. Aucune rencontre n'était prévue mardi avec les grévistes au ministère de l'Equipement.