1- L'aventure polynésienne : avant le départ

 

Si mon arrivée en Polynésie Française est bien le 23 aout 2018, l’aventure polynésienne a commencé bien en amont… l’annonce de l’obtention d’une mutation, certes demandée pour le lycée d’Uturoa sur l’ile de Raiatea a bien été un choc, pour moi d’abord puis pour PH ! Je ne suis pas prête d’oublier ce mail reçu du syndicat en plein pendant mon repas de midi avec mes collègues du Lycée Elie Faure à Lormont ! Elles aussi doivent s’en souvenir….

Mais l’aventure avait commencé dès le mois de décembre, période des vœux pour des mutations sur postes profilés. Et pourquoi pas l’Outre-Mer ? La Réunion me tentait mais pas de poste au mouvement, j’avais envisagé Mayotte puis abandonné l’idée, trop risqué ; rien aux Antilles, ni en Nouvelle Calédonie (ça tentait bien PH) et voilà qu’en Polynésie, 5 postes étaient au mouvement…
Et pourquoi pas ? Nous découvrons les établissements sur internet, nous zoomons sur Google earth pour faire grossir ces confettis perdus au milieu du Pacifique ! Je découvre des noms d’iles bizarres et surtout nous nous mettons à rêver devant des images de lagons paradisiaques.
Le dossier est monté, envoyé début janvier au Ministère. Nous plaisantons en disant à tous les amis et parents que dans un an nous serons en Polynésie (nous n’en croyons pas un mot !). Nous nous faisons du mal en regardant tous les reportages à la TV qui nous montrent Ranguiroa et ses plongées dérivantes avec requins, dauphins….Fakarava, Bora-Bora….

Les mois passent, pas de convocation à un entretien, juste une demande de ma dernière évaluation et confirmation que je maintiens ma candidature….nous n’y croyons plus.

Et le 20 mars, un sms du syndicat m’annonce que que je suis mutée sur le poste d’adjoint-gestionnaire, sur l’ile de Riatea au Lycée des iles sous le vent ! rien que le nom me plait et sent déjà l’éxotisme…les iles sous le vent. J’achète de suite deux guides touristiques car ma connaissance de cette partie du monde est quasi nulle ! Initialement ma mutation est pour le 1er novembre, 8 mois, ça me parait bien loin et long. Nous commençons quand même à réaliser que notre vie va basculer, qu’il faut préparer ce grand départ vers l’inconnu, que des décisions doivent être prises. Très vite, les tracasseries administratives arrivent : je vais être mise à disposition du gouvernement polynésien : MAD. Trois lettres qui vont bientôt me devenir familières et qui vont presque quotidiennement m’aider à préparer notre départ. Je ne rentrerai pas dans les détails mais je tiens tous les renseignements nécessaires, si des amis ou collègues fonctionnaires, comme moi à l’Education Nationale, avaient aussi d’une envie de partir en Outre mer.

Première étape, les passeports sont commandés, peu à peu le dossier se monte…l’administration suit. Je suis convoquée à Paris, deux jours en mai par le Ministère et là, je rencontre une centaine de personnes, chefs d’établissements, gestionnaires, infirmières, inspecteurs du 1er et second degré, mutés eux aussi en Polynésie, Nouvelle Calédonie, Mayotte, Wallis et Futuna. Les Vice recteurs et les responsables de l’Education des différents pays concernés sont là pour nous les présenter. Des rencontres, des renseignements forts intéressants sur les us et coutumes, le climat politique, les attentes, le système éducatif de ces pays. Je commence à réaliser que je ne rêve pas et je découvre un peu la Polynésie en me rendant à la délégation de la Polynésie française pour une réunion spécifique à la vingtaine d’autres personnes nommées pour la rentrée de septembre. L’aventure commence…en sortant de cette dernière après-midi, je vais au Vieux campeur, rayon plongée….. !
Retour enthousiaste sur Bordeaux pour partager avec Paul-Henri mon expérience et mes premières connaissances de la Polynésie et je me rends compte qu’il est surement encore plus enthousiaste et impatient que moi ! L’idée de démissionner ne le perturbe pas plus que ça et pourtant c’est une décision lourde à prendre puis à assumer…

Le départ me parait encore très éloigné quand tout s’accélère : fin mai, on me propose le poste d’agent comptable du lycée (à la place du poste de gestionnaire) car mon collègue a obtenu un poste au Costa Rica…le nouveau poste est à pourvoir au 1er septembre, soit deux mois plus tôt que prévu ! J’accepte (non sans une certaine appréhension) et là, le temps s’accélère…ou plutôt va être court pour tout finaliser. La décision est prise, je partirai seule fin août et Paul Henri me rejoindra dès que possible. Notre caisse Maritime se prépare, 5 m3 part dès début juillet (les renseignements sont aussi à votre disposition), les travaux de notre maison ont repris ; il faut penser à tout : banque, mutuelle, assurances, vendre la voiture.

Mais il faut aussi préparer nos familles, surtout nos parents, mes enfants et nos amis à ce futur éloignement : au minimum deux ans, au maximum quatre ans…long et court à la fois.

En premier lieu, je décide de partir à la Réunion pour dire au revoir à Florent que je risque ne pas voir pendant un temps certain…nous étions éloignés de 10 000 kms, c’était déjà beaucoup mais là ce sera, comme pour la métropole, au moins 17 000 kms, c’est long. Mes enfants seront à égalité, pour tous les deux je serai à égale distance, pas de jalousie ! Je serais à 22h de vol de Paris.
Mon billet d’avion est arrivé (du Ministère et j’aurai 20% à ma charge, un détail) : départ de Bordeaux le 23 août à 7h du matin via Paris, Los Angeles et arrivée à Papeete toujours le 23 aout à 23h, décalage horaire de 12h en moins oblige. Je n’ai pas oublié mon ESTA, le voyage peut commencer, mes bagages (2 x 23 kg autorisé) sont prêts. Nous fêtons mon départ avec nos familles, les derniers adieux, un peu beaucoup d’émotions mais rien ne nous fera changer d’avis….