Le confinement à Raiatea

 

Le COVID 19 a bien tenté de contaminer la Polynésie et a essaimé quelques cas dès le 11 mars…et le confinement a été mis en place le weekend end du 20 mars dans toutes les iles sur le même modèle qu’en Métropole. Un couvre-feu et une interdiction de la vente d’alcool ont également été rapidement ajoutés Les établissements scolaires avaient été fermés dès le 18 mars et tous les élèves internes ont été rapatriés dans leurs iles respectives.

La vie s’est arrêtée brutalement : plus de bateaux de croisières, plus de touristes ; tous les prestataires liés au tourisme local ont fermé boutique…peu à peu, pensions de famille mais aussi les hôtels de luxe de Bora et Moorea ont fermés. Les fermes perlières ont stoppé leur activité, faute de greffeurs chinois (spécialisés dans cette tâche très minutieuse), bref, toute une économie s’est effondrée en quelques jours après une période plutôt satisfaisante et en croissance.

Les vols internationaux se sont également arrêtés puis les vols inter iles… (sauf pour des évacuations sanitaires ou situations exceptionnelles parfois controversées d’ailleurs…). Bref, la vie sur une ile a pris tout son sens ! quasiment coupés du monde, nous avons vraiment pris conscience que désormais, point de retour en France pour un temps certain et point de nouveaux visiteurs à recevoir : ma cousine Monique et une amie ne viendront pas nous voir comme prévu en avril et ce voyage sera donc remis à plus tard….nous devions partir à l’Ile de Pâques en avril également, remis aussi à une date ultérieure….pas bien grave au regard de la situation de la population qui est très fragile vis-à-vis de ce sournois virus…..

Pendant, ce confinement nous avons de suite senti une atmosphère pesante, sans doute la même dans tout le monde, au regard des reportages des villes désertes partout en France et ailleurs…plus de bruits, sauf les oiseaux et les coqs ici…plus de rires, même plus de sourires. J’avais parfois le sentiment d’écouter le silence !

La baignade était interdite ainsi que toutes les activités nautiques…pas évident quand on a en face de soi, un des plus beaux lagons du monde, un ciel presque bleu et 29 degré dans l’air et dans l’eau. Nous allions le regarder tous les soirs malgré tout, dans le cadre de l’autorisation de la ballade d’une heure (petite demi-heure en vélo pour faire juste le tour de la ville déserte histoire de dégourdir les jambes après avoir déjà fait trois fois le tour du lycée désespérément vide !

Sur l’ensemble de la Polynésie, le nombre de cas est monté doucement à 50 et aucun décès. Tous les cas étaient dits importés et les iles ont été épargnées sauf celles de Tahiti et de Moorea. Aussi le 20 avril, nous avons bénéficié d’un allègement du confinement et même la possibilité d’ouvrir les écoles progressivement. 

Nous avons donc retrouvé la possibilité de sortir sans attestation et ça vraiment ça change tout ! Peu à peu, d’autres activités ont pu reprendre comme la baignade, la navigation, le couvre-feu a été allégé puis suspendu (sur décision de justice).

A ce jour, 8 mai 2020, 60 cas en tout, 0 décès et 4 personnes restants en observation.

La date du 18 mai est celle fixée pour lever le confinement sur Tahiti et Moorea, si tout va bien d’ici là. Tout le monde attend la reprise des vols inter iles qui permettra outre la liberté de bouger, certes uniquement en Polynésie, de retrouver une certaine liberté et permettra un tout petit peu d’aider au tourisme local, complètement en berne.

La douceur de vivre polynésienne sera toujours là mais la crise à venir va laisser des traces. Certes, difficile ici de mourir de faim et d’ailleurs beaucoup, ici meurent de trop MAL manger alors que l’on peut bien se nourrir mais c’est un autre vaste sujet…mais ici comme ailleurs, beaucoup seront endettés, en faillite et sans espoir d’une vie meilleure. Il va falloir compter sur une bonne dose d’optimiste, de courage et ténacité pour reconstruire une économie que l’on espère, un peu plus durable, plus respectueuse d’un environnement beau mais fragile. Rien ne sera évident.

Nous allons poursuivre notre aventure polynésienne en contribuant humblement. Nous espérons que nos amis et parents pourront revenir nous voir et nous souhaitons retourner dans des petites pensions de famille, ce sera notre petite contribution.

Comme je le disais dans un article précédent, nous nous attendions à une tempête tropicale, un cyclone, un tsunami… mais pas à un virus. Cependant, il faut relire l’histoire de ce bout du monde et vous constaterez que la population a déjà largement fait les frais d’épidémies en tout genre et autres…ils y ont survécu alors restons optimistes….